Où est la justice climatique ?
La crise climatique frappe tous les continents, sans exception. Les pays du Sud sont incontestablement les plus touchés, alors qu’ils sont les moins responsables du changement climatique. La COP29 devait être l’occasion de réparer cette injustice flagrante, en accordant un soutien conséquent aux États qui subissent des pertes et dommages humains et financiers sans précédent à cause des impacts climatiques (catastrophes naturelles, bouleversements à long terme comme la hausse des températures ou l’érosion côtière…).
Pourtant, si l’accord conclu de 300 milliards de dollars par an de financement public triple les montants accordés en 2009, il est loin de combler les besoins réels des pays touchés (estimés à 1 300 milliards de dollars par an) et les attentes de la société civile. Ce chiffre, étayé par des preuves scientifiques, est un geste indispensable pour permettre aux populations impactées de faire face à l’ampleur de la crise climatique.
Les parties n’ont également pas tenu l’engagement de la COP28 d’éliminer progressivement les combustibles fossiles : l’accord conclu l’année dernière à Dubaï sur la « transition vers l’abandon des combustibles fossiles » n’a pas été renforcé et l’accord final de la COP29 reste une coquille vide sur ce sujet pourtant fondamental pour l’avenir de notre planète.
Citations de nos porte-paroles
Mathilde Henry, responsable plaidoyer CARE France :
« La déception est immense, en particulier pour les pays les plus touchés par le changement climatique. Il faut impérativement financer l’adaptation et la réparation des pertes et dommages qu’ils ont subis et continueront de subir au cours des prochaines années.
Si la reconnaissance dans le texte du soutien aux « approches menées au niveau local » est un premier pas, cela ne suffit pas. Le financement de la lutte contre le changement climatique doit être local, et inclure pleinement les communautés impactées, qui connaissent les besoins et sont les premières concernées. L’accord de Bakou est un début, mais nous devons veiller à ce que ce qui a été obtenu soit soutenu par des actions concrètes. Les communautés en première ligne de la crise climatique ont besoin de toute urgence de ce financement pour protéger leurs vies et leurs moyens de subsistance. Le respect des promesses faites n’est pas négociable. »
Francesca Rhodes, conseillère politique pour la justice climatique, CARE International UK :
« Le résultat de la COP29 est une trahison brutale. Les gouvernements les plus riches n’ont pas réussi à s’engager à l’échelle de financement nécessaire et s’attendent à ce que les pays déjà endettés s’endettent davantage pour financer une crise qu’ils n’ont pas provoquée. Les personnes et les communautés les plus pauvres du monde luttent chaque jour contre les effets dévastateurs de la crise climatique, en particulier les femmes et les filles qui voient leurs moyens de subsistance et leur avenir détruits. Cet accord ne répond pas à l’urgence de fournir des financements au plus touchés sous forme de subventions pour mettre fin au changement climatique. Cette COP a également vu certains gouvernements tenter de faire reculer l’égalité des sexes et les droits humains dans l’action climatique – c’est totalement inacceptable, et nous devons voir un nouveau plan d’action pour le genre adopté l’année prochaine qui soit intersectionnel, inclusif, mesurable, cohérent et financé. »
Marlene Achoki, responsable de la politique climatique mondiale chez CARE International :
« Une fois de plus, les plus vulnérables doivent payer le prix des effets du changement climatique, tandis que les pays les plus riches se soustraient à leurs obligations de solidarité et de justice climatique. Cette COP n’a pas réussi à répondre aux besoins des pays en développement, offrant une fraction des 1 000 milliards de dollars nécessaires pour aider ces populations à faire face aux bouleversements climatiques qui s’intensifient. Le texte ne fournit aucune garantie que ces montants seront alloués sous forme de subventions au lieu de prêts de la Banque multilatérale de développement qui alourdissent le fardeau de la dette. Les pays riches privilégient les intérêts à court terme, ignorant leur rôle dans la crise climatique. Cette incapacité à fournir un financement adéquat est un échec très préoccupant en termes de justice. »
John Nordbo, conseiller principal pour le climat, CARE International, a déclaré :
« L’accord est un échec. L’objectif de 300 milliards de dollars de financement climatique est beaucoup trop faible par rapport aux besoins réels, et il ne sera pas réellement alloué avant 10 ans, alors que la crise climatique s’intensifie. L’accord ne fixe pas d’objectifs clairs quant au montant des financements climatiques qui devraient être alloués spécifiquement à l’adaptation ou à la lutte contre les catastrophes climatiques telles que les inondations, les sécheresses et les ouragans violents. Les pays riches ont eu l’occasion de corriger 15 ans d’inaction climatique et de s’engager enfin à fournir un financement climatique à un niveau qui réponde aux besoins. Au lieu de cela, ils ont choisi de prolonger l’échec de 10 ans supplémentaires. Pendant ce temps, les pays les plus pauvres continuent de payer le prix de cette inaction. »
Mrityunjoy Das, directrice adjointe du programme d'action humanitaire et climatique de CARE Bangladesh :
« Les pays riches et à fortes émissions de gaz à effet de serre ne se sont pas alignés sur la limite de 1,5 °C de réchauffement climatique. Il n’y a pas de langage ferme sur l’abandon des combustibles fossiles : cette approche contredit directement la position de la majorité des nations, qui ont appelé à plusieurs reprises à une transition mondiale vers les énergies renouvelables et à une fin décisive de la dépendance au pétrole, au gaz et au charbon. »
Notes aux rédacteurs :
L’ONG CARE est l’une des premières à s’être engagée dans la lutte pour plus de justice climatique. En 2023, CARE a mis en œuvre 273 projets contribuant à renforcer l’adaptation et la résilience climatique de près de 4,5 millions de personnes dans 62 pays.
- Le travail de CARE sur le changement climatique est centré sur les plus vulnérables : les effets de la crise climatique affectent de manière disproportionnée les communautés les plus pauvres et les groupes marginalisés à travers le monde, en particulier les femmes et les filles, qui en sont les moins responsables.
- Le document de position de CARE à la COP29 peut être consulté ICI (en anglais, arabe, français et espagnol).
- Les porte-parole de CARE disponibles à Bakou pendant la COP29 :
- Marlene Achoki, responsable des politiques mondiales, CARE Climate Justice Center (basé au Kenya)
- Chikondi Chabvuta, Conseillère en plaidoyer pour la région de l’Afrique australe, CARE Malawi
- Mrityunjoy Das, directrice adjointe, Programme d’action humanitaire et climatique, CARE Bangladesh
- Obed Koringo, conseiller en politique climatique, CARE Danemark (basé au Kenya)
- John Nordbo, conseiller principal en matière de climat, CARE Danemark
- Francesca Rhodes, conseillère politique scientifiquesur le climat et le genre, CARE International UK
- Rosa van Driel, conseillère principale en matière de genre, CARE Pays-Bas
A propos de CARE
Fondée en 1945, CARE est une organisation humanitaire de premier plan qui lutte contre la pauvreté dans le monde. CARE met un accent particulier sur le travail aux côtés des femmes et des filles. Lorsque leurs droits sont soutenus et leurs voix entendues, les femmes et les filles ont le pouvoir de sortir des familles et des communautés entières de la pauvreté. En 2023, CARE a travaillé dans 109 pays, touchant 167 millions de personnes dans le cadre de plus de 1 600 projets.
A propos du centre de justice de CARE
Le Centre pour la justice climatique (CJC) de CARE, dont le siège est à La Haye, aux Pays-Bas, dirige et coordonne l’intégration de la justice climatique et de la résilience dans le travail de développement et humanitaire de CARE. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.careclimatechange.org
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