Le 13 mars dernier, une marée noire a frappé la région d’Esmeraldas, au nord de l’Équateur. Ce jour-là, de fortes pluies ont provoqué un glissement de terrain, puis la rupture d’un oléoduc qui a déversé plus de 25 000 barils de pétrole brut à l’embouchure des trois principaux fleuves de la région. Cette pollution massive survient dans un contexte déjà marqué par l’insécurité, les catastrophes climatiques et un récent séisme, multipliant les urgences pour les populations. En effet, des communautés entières, dépendantes des rivières, se sont retrouvées sans eau potable, sans nourriture ni soutien.
Plusieurs mois après, les défis sont immenses, sur le plan écologique, sanitaire et économique. Face à l’inaction initiale des autorités et des entreprises pétrolières, l’association CARE, en partenariat avec la Fundación Lunita Lunera, a lancé l’initiative “Rivières de Dignité”, un projet dirigé par des femmes issues des communautés elles-mêmes. Objectif ? Apporter une aide d’urgence aux populations touchées.
« Nous sommes agriculteurs. Nous vivons de l’agriculture. Tout ce sur quoi nous comptions s’est effondré. Depuis, nous nous battons pour survivre.»
José Remigio Méndez, agriculteur et président de la communauté de Tonta Vaca.
Marée noire : une catastrophe environnementale pour l’Équateur
Cette marée noire est un désastre écologique et économique car le fleuve Esmeraldas est vital pour les communautés de la région : c’est dans ces eaux qu’elles pêchent et qu’elles s’approvisionnent en eau, pour leur foyer, mais aussi pour le bétail et les cultures.
L’événement a provoqué une crise économique d’ampleur dans la région.
des personnes interrogées par nos équipes ont rapporté une perte de revenus.
En effet, 94 % des personnes interrogées par nos équipes ont rapporté une perte de revenus, car la pêche artisanale, la cueillette de fruits de mer, l’agriculture, l’élevage, le tourisme et le commerce local sont directement affectés par la pollution des rivières.
Les mangroves et zones protégées, vitales pour l’équilibre écologique et la biodiversité, sont également contaminées, entraînant une mortalité massive des poissons et coquillages, provoquant l’effondrement des écosystèmes fluviaux.
L’impact sanitaire, autre conséquence de la marée noire
En polluant gravement et durablement les rivières, la marée noire a profondément mis en péril la santé des populations locales, déjà vulnérables. Près de 85 % de la population a signalé des problèmes de santé liés à l’exposition à l’eau contaminée : infections cutanées, maladies gastro-intestinales et troubles oculaires sont devenus monnaie courante dans les villages riverains.
Alors que ces rivières étaient leur principale source d’eau potable, les communautés sont désormais contraintes de consommer de l’eau de pluie ou de l’eau en bouteille. Cette dernière est non seulement coûteuse, mais aussi difficile à obtenir régulièrement, rendant la situation intenable sur le long terme.
Les plus impactés sont les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes, qui font face à un accès restreint aux soins de santé et à un environnement de plus en plus insalubre. Le manque de structures médicales locales aggrave davantage les risques.
L’ONG CARE apporte une aide humanitaire et féministe en Équateur
Face à l’ampleur de cette catastrophe pétrolière en Équateur, nos équipes ont mis en œuvre une réponse humanitaire d’urgence, en coordination étroite avec notre partenaire local la Fundación Lunita Lunera (FULULU), association féministe équatorienne pour la justice sociale. Cette action s’est concentrée sur les besoins vitaux : eau, santé, hygiène et protection.
Les actions concrètes de CARE sur le terrain pour répondre à l’urgence humanitaire :
Entre mars et juin 2025, plus de 5 400 personnes ont été soutenues dans 20 communautés affectées, avec un accent particulier sur les femmes et les enfants.
- Distribution d’eau potable à plus de 4 500 personnes, pour contrer la pénurie d’eau saine ;
- Kits d’hygiène fournis à 1 117 personnes, pour limiter les risques sanitaires ;
- Accès aux soins médicaux pour 373 personnes, avec des centaines de médicaments délivrés ;
- Création d’espaces sûrs pour 235 femmes et enfants, offrant soutien psychosocial et protection ;
- Consultations communautaires menées dans 90 foyers, pour ajuster l’aide selon les besoins.
Cette intervention a été rendue possible grâce à une coordination locale forte, l’expertise de partenaires communautaires et féministes, et une flexibilité de nos actions adaptée aux réalités du terrain.
« Ce projet offre un soutien d’urgence fondé sur les besoins identifiés par les communautés elles-mêmes. L’objectif n’est pas seulement d’apporter de l’aide, mais de renforcer la dignité, la solidarité et la résilience de communautés qui, même embourbées dans le pétrole, refusent d’abandonner. »
María Moreno de los Ríos, directrice de CARE en Équateur.
CARE a su s’appuyer sur les femmes leaders locales pour une action concrète et rapide. Ce travail conjoint a permis de faciliter l’entrée dans les zones les plus sensibles et de renforcer la confiance avec les habitant·es.
Après la marée noire : le besoin de se reconstruire
S’il est difficile de récupérer tout le pétrole déversé dans les eaux, le soutien après la marée noire est, cependant, crucial dans cette province d’Esmeraldas, qui abrite l’une des plus importantes populations afro-équatoriennes de l’Amérique Latine.
Pour les militants locaux, cette catastrophe n’est pas un simple accident. Elle incarne les dérives d’un modèle de développement qui marginalise les communautés au profit des intérêts économiques.
« Même si l’aide actuelle se concentre sur l’urgence — eau, santé et protection —, nous savons que les effets de cette catastrophe environnementale dureront jusqu’à 15 ans. »
María Moreno de los Ríos, directrice de CARE en Équateur.
CARE et la Fundación Lunita Lunera ne comptent pas s’arrêter à la réponse d’urgence. Notre objectif est de soutenir la reconstruction à long terme, en renforçant les ressources essentielles, en prévenant les violences faites aux femmes et aux filles, et en développant des stratégies pour défendre les droits humains et renforcer la résilience environnementale.
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