Pourquoi a-t-on besoin de plus de justice climatique ?
Les 1 % les plus riches émettent autant de gaz à effet de serre que les 66 % les plus pauvres (1). Pourtant, ce sont ces populations qui subissent d’ores et déjà les impacts du changement climatique. Face à cette injustice, les États les plus pollueurs doivent prendre leurs responsabilités et aider financièrement les pays les plus pauvres à faire face aux dégâts causés par les bouleversements de notre planète.
Cette aide permet aux États de s’adapter et de compenser les conséquences irréversibles du dérèglement climatique, que l’on appelle aussi pertes et dommages (pertes économiques et matérielles liées à une catastrophe naturelle par exemple).
Les États sont loin de respecter leurs engagements, selon un rapport de CARE
L’analyse des plans de financement climatique de 27 pays développés, y compris les membres du G7, révèle que seuls trois d’entre eux — le Danemark, la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas — prévoient explicitement de consacrer au moins 50 % de leurs financements climatiques à l’adaptation, conformément à l’Accord de Paris. La majorité des autres pays riches sont dangereusement loin de respecter cet engagement.
40 % de la population mondiale déjà durement touchée par le changement climatique
Malgré les engagements pris dans le Pacte climatique de Glasgow de doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025, CARE estime que le soutien bilatéral à l’adaptation n’atteindra que 12 milliards de dollars — soit seulement 30 % de l’objectif de 40 milliards — et pourrait chuter à 10 milliards en 2026 en raison des réductions prévues de l’aide publique au développement. Cette situation pousse les pays vulnérables — déjà fortement endettés — à contracter des prêts coûteux auprès des banques multilatérales de développement (BMD), les enfonçant encore davantage dans la dette.
John Nordbo, conseiller principal pour le climat chez CARE Danemark et co-auteur du rapport, déclare :
« C’est tout simplement irresponsable. L’adaptation n’est pas un choix politique, c’est une question de survie pour les 40 % de la population mondiale déjà durement touchée par le changement climatique. Les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient, mais les pays riches rompent leurs promesses, laissant les communautés vulnérables faire face seules aux inondations, aux sécheresses et à la montée des eaux, alors qu’elles sont les moins responsables de la crise. Sans plans concrets et financements adéquats, des vies et des moyens de subsistance sont en jeu. »


Et la France dans tout ça ?
La France n’a toujours pas de plan clair pour garantir 50 % de son aide climat à l’adaptation.
En amont du Conseil européen des 26-27 juin, CARE appelle la France à défendre une hausse des ressources propres européennes, pour financer l’adaptation, les pertes et dommages, et la justice climatique.
Notre message : pas de promesses sans plan concret, pas de plan sans budget.
À l’approche de la COP30, les États doivent se mobiliser pour aider les pays les plus pauvres
Les Nations Unies estiment que les pays en développement ont besoin de 300 milliards de dollars par an pour l’adaptation — un niveau de financement encore très loin d’être atteint. Pire encore, la plupart des pays ne fixent ni objectifs clairs, ni calendriers, ni plans de mise en œuvre pour l’adaptation, rendant les financements imprévisibles et peu fiables pour les communautés en première ligne.
Obed Koringo, conseiller climat de CARE Danemark, ajoute :
« À l’approche de la COP30, CARE appelle à une feuille de route crédible de Bakou à Belém vers 1 300 milliards de dollars, précisant comment les pays riches rempliront leurs obligations — pas seulement pour l’adaptation, mais aussi pour l’atténuation, et pour les pertes et dommages. Le Sud global a besoin de plus que des promesses : il a besoin de financements prévisibles, transparents et équitables. La justice climatique l’exige. »
Chiffres clés du rapport :
- Le financement climatique est en baisse : le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris représente une perte d’environ 11 milliards de dollars par an. Les 26 autres pays développés devraient fournir environ 45 milliards de dollars d’aide bilatérale pour l’atténuation et l’adaptation en 2025. Ce montant pourrait diminuer de 10 % entre 2025 et 2026 en raison des coupes dans l’aide au développement.
- Seuls huit pays ont fixé des objectifs de financement climatique au-delà de 2025, et un seul — le Luxembourg — s’engage à ce que ses contributions soient additionnelles à l’aide publique au développement.
- Aucun pays riche n’a fixé d’objectif de financement pour les pertes et dommages.
- Alors que les pays développés insistent sur la nécessité de mobiliser des financements privés dans les négociations climatiques mondiales, leurs propres plans manquent de détails sur la manière d’y parvenir. Seuls trois pays disposent d’un objectif quantitatif pour leurs efforts de mobilisation.
Sans action urgente, le rapport Hollow Commitments 2025 montre que les nouveaux objectifs mondiaux de financement climatique pour 2035 risquent de devenir une nouvelle série de promesses creuses.
Source :autre que le rapport CARE : (1) Rapport "Climate Equality : a planet for 99%", Oxfam, 2023,.
Découvrir le rapport
Ces recommandations sont détaillées dans notre nouveau rapport : « Hollow commitments 2025 : an analysis of developed countries’ climate finance plans and targets » (version anglaise).
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