L’excision, un traumatisme qui brise l’avenir et l’éducation des filles en Somalie
En Somalie, 98% des filles âgées de 5 à 11 ans ont subi une excision
Les mutilations sexuelles féminines sont une violation des droits et des corps des femmes. En 2023, 4,2 millions de filles risquent de subir cet acte de violence, selon l’ONU. Ce terme regroupe la lésion des organes génitaux féminins (comme l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes) pour des raisons non médicales.
En plus du traumatisme qu’elles représentent, ces pratiques présentent des risques pour la santé des filles. C’est ce qui s’est passé pour les filles de Khadra*. Mère de cinq enfants, elle a accepté que trois de ses filles soient excisées sous le poids des traditions ancrées dans sa communauté en Somalie. Depuis que nos équipes l’ont sensibilisée à ce fléau, elle regrette son choix. « Je pensais que c’était bon pour elles. J’ai réalisé que ce n’était pas le cas. Maintenant, mes filles ont des problèmes de santé, comme des saignements et des difficultés à uriner. En tant que parents, nous avons apporté ce problème à nos enfants. Elles souffrent aujourd’hui parce que nous n’avons pas compris les répercussions de ces mutilations. »
La pandémie de Covid-19 a exposé encore plus de filles à cette pratique sexiste et dangereuse. Fartun Hassan Ahmed en est l’une des victimes. Cette jeune fille de 13 ans a perdu la vie suite à une mutilation génitale en juillet 2021. Une situation intolérable.
« L'un des effets les plus insidieux de la pandémie a été le recul des droits des femmes et des filles. Comme elles ne pouvaient plus aller à l’école, beaucoup ont été mariées et excisées. »
Abdullahi Iman, directeur de CARE en Somalie.
* Le prénom a été changé.
Source : En Somalie, 98% des filles âgées de 5 à 11 ans ont subi une excision selon l'UNICEF.
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Grâce au "Girl Champions project", les filles obtiennent des victoires contre les mutilations génitales
Malgré les difficultés, les filles se battent pour leurs droits, avec le soutien de CARE. Maymum, 13 ans, fait partie des « Girls Champions » engagées pour mettre fin au fléau de l’excision dans sa communauté.
Plus de 2000 filles suivent une formation en leadership et deviennent de véritables militantes contre les mutilations génitales féminines. Elles sont sensibilisées à leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive, à la problématique des grossesses précoces et aux risques que ces pratiques présentent pour leur santé.
Participer à ce combat est une véritable fierté pour Maymum, ! « Nous sensibilisons les filles et leur disons que nous devons mettre fin aux mutilations génitales car c’est une mauvaise pratique basée sur l’ignorance des gens. Nous devons les éduquer sur le sujet. »
Avec les autres filles, Maymum et Jaweria, 16 ans, diffusent ces informations auprès de leurs amis et de leur famille, mais également auprès des membres de la communauté. Et ce, malgré les préjugés ! « Lorsque nous sensibilisons les parents et les personnes les plus âgées de notre communauté, certains nous disent : vous n’êtes que des enfants, pourquoi pourriez-vous nous dire quelque chose ? Mais nous continuons notre travail, parce que notre voix doit être entendue sur ce sujet qui nous concerne », témoignage Jaweria.
Et ce combat ne s’arrête pas à la lutte contre l’excision ! « Les filles ont le droit d’accéder à l’éducation et d’avoir une vie stable. Nous devons mettre fin aux violences faites aux femmes. Les mariages forcés doivent aussi s’arrêter, car ils empêchent les filles d’aller à l’école », affirme Shugri, 16 ans.
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