Un village isolé et privé de soins depuis 10 ans

Gisma a 34 ans et est médecin depuis sept ans. Aujourd’hui elle est la seule docteure de la clinique construite par CARE dans le village soudanais de Gorlangbang. Isolé pendant 10 ans du fait des conflits qui secouent la région du Jebel Marra Sud… Perdu dans la montagne et accessible qu’après 5 heures de route, puis 3 heures à dos d’âne ou de chameau… La population n’avait pas eu accès aux services de santé, de nutrition, d’eau depuis plus de dix ans.

“Comme il y a tant de besoins dans cette région, j’ai voulu aider les gens. J’ai été le premier médecin à venir ici depuis plus de 10 ans. Aujourd’hui, j’ai l’impression de faire partie de la communauté”, raconte Gisma, originaire d’une autre région et recrutée par CARE.

Les difficultés d’être une femme médecin au Soudan

Ce qui n’était pas forcément évident au début. Car tout le monde au Soudan ne pense pas que les femmes peuvent et doivent être médecins. Beaucoup pensent qu’il y a des différences entre les femmes et les hommes, et d’une certaine manière, c’est le cas.

“Ici, les femmes sont plus susceptibles de ne pas avoir d’éducation. On attend d’elles qu’elles restent à la maison, qu’elles ne travaillent pas à l’extérieur et qu’elles s’occupent de leurs enfants.”

La construction d’une clinique par CARE

Mais Gisma a bien fait changer les choses. Et un et demi, après la construction de la clinique, le village revit. L’association CARE a apporté des équipements, des fournitures et des médicaments et a formé et soutenu du personnel de santé (sage-femmes, experts en nutrition, pharmaciens, ainsi que des volontaires de santé communautaire).

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© CARE
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© CARE

Le quotidien d’une femme médecin au Soudan

“Les gens me disent qu’ils ne veulent pas que je parte. Mais il est très difficile de travailler et de vivre ici. Il n’y a pas d’électricité, d’eau courante ou de réception téléphonique fiable dans le village. Donc s’il y a une urgence la nuit, je dois tenir une lampe de poche. La clinique est ouverte cinq jours par semaine mais comme je suis le seul médecin, je suis toujours de garde. En cas d’urgence la nuit ou pendant mes jours de congé, je vais aider.”

Gisma traite toutes sortes de patients. Parmi les cas les plus courants : les problèmes de thyroïde en raison d’une carence en iode dans l’eau, les diarrhées aussi à cause de la mauvaise qualité de l’eau et les infections respiratoires en raison du temps frais et des feux de cuisson au charbon de bois.

“Je soigne aussi et vaccine les enfants et suit les femmes enceintes. La plupart des femmes accouchent à domicile, mais nous les encourageons à venir ici, car nous disposons de médicaments et d’un soutien médical. Nous disposons également de pilules contraceptives à la clinique et nous encourageons les femmes à espacer leurs grossesses pour préserver leur santé.”

Malgré ces difficultés, Gisma reste motivée

“La douleur est la chose la plus difficile dans la vie. Je ressens toujours le besoin d’aider les personnes qui souffrent. Je pense que nous devons aider les gens partout,” raconte Gisma. “Le bonheur des gens me fait sourire du fond du cœur. Quand je sens que les gens sont heureux et en bonne santé, toute ma fatigue disparaît.”

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