Ici, la guerre n’a pas seulement détruit les maisons : elle a brisé les liens entre les familles, bouleversé les équilibres et laissé des cicatrices invisibles, surtout chez les filles et les femmes.
Là où les services publics n’existent plus et où les ONG se font rare, ce sont pourtant les femmes qui s’organisent pour tenter de reconstruire ce que la guerre leur a pris : leur sécurité, leur santé mentale, leurs liens.
Dans un beau bâtiment en ciment érigé comme lieu d’accueil par CARE et son partenaire local, une vingtaine de femmes se retrouvent autour d’un tapis. On parle bas, on rit parfois. Nour, 23 ans, raconte qu’elle rêve de devenir infirmière, pour soigner sa mère et les autres femmes du village. Autour d’elle, certaines ne sont jamais allées à l’école, d’autres ont quitté les bancs dès l’adolescence pour se marier. Toutes partagent le même besoin : se retrouver, parler, respirer.
Ces moments d’échange, fragiles et essentiels, sont devenus de véritables bouffées d’air dans un contexte où tout manque.
En Syrie : des besoins énormes pour la santé mentale
Selon l’OCHA, 16.5 millions de personnes en Syrie sont en situation de besoin d’aide humanitaire. Les tensions entre les différentes tribus compliquent encore le quotidien.
Les femmes et les filles paient le prix le plus lourd : mariages précoces dès 12 ans, double charge entre tâches domestiques et soin des proches. L’accès aux services essentiels est difficile : les démarches administratives se font à Damas, à plusieurs heures de route, et les soins psychologiques sont rares et stigmatisés.
La santé mentale n’est pas un sujet, encore moins celle des femmes.
de personnes ont besoin d’aide humanitaire en Syrie.
Source : Organisation des Nations Unies (ONU). (2025). Humanitarian Response Priorities: January – March 2025 – Syrian Arab Republic. Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA)
Pourtant, face à ces défis, les femmes s’organisent. La solidarité apparaît comme un élément solide pour la santé mentale. Elles participent à des sessions de soutien psychosocial (PSS) créés par CARE et son partenaire local, dans des espaces sûrs où elles peuvent parler librement, partager leurs préoccupations et reconstruire des liens solidaires. Ces rencontres offrent une première réponse concrète aux traumatismes et à l’isolement. Dans un pays épuisé, elles sont le signe qu’une reconstruction intime et collective est en marche.
Se reconstruire, pas à pas.
Dans un autre village du gouvernorat de Deir-Ez-Zor, une dizaine de femmes sont assises en cercle. Sur une feuille, elles écrivent ce que signifie pour elles la “confiance en soi”. Les mots qu’elles choisissent — “force”, “liberté”, “beauté” — en disent long sur leur cheminement. Ces ateliers de soutien psychosocial sont devenus des moments attendus.
« Je ne me soucie plus de ce que pensent les autres. Je veux prendre mes propres décisions.»
Une femme divorcée après plusieurs séances.
Pour beaucoup, c’est une première : parler, rire, exister autrement qu’en tant qu’épouse, mère ou fille. Certaines demandent plus de séances, conscientes du souffle d’autonomie qu’elles y gagnent.
« Le module sur la confiance en soi a changé la façon dont je me vois.»
Nour, 23 ans
Ce changement intérieur est déjà un pas immense dans un environnement où les choix des femmes sont souvent dictés par la tradition ou la survie.
Certaines femmes expriment le souhait d’aller plus loin : se former afin de créer des micro-entreprises, comme des salons de coiffure ou des activités artisanales, qu’elles n’avaient pas pu réaliser à cause des mariages précoces ou du manque de ressources.
Les ateliers ne se limitent pas aux femmes : des sessions destinées aux hommes et aux garçons ont aussi été mises en place, afin d’ouvrir un dialogue sur les normes de genre et la place des femmes et des filles dans la société. Certains participants, après avoir suivi ces discussions, ont exprimé des regrets.
«Je n'aurai pas dû forcer ma fille à quitter l’école.»
Un homme participant
Dans ces communautés très conservatrices, ces changements, même petits, modifient peu à peu les dynamiques familiales et sociales.
CARE accompagne les femmes syriennes dans leur reconstruction
Dans ces villages oubliés de Syrie, les programmes soutenus par CARE et son partenaire local ne se limitent pas à une aide d’urgence. Ils recréent des espaces où la confiance peut renaître, où les femmes reprennent leur place au sein de communautés longtemps brisées.
Ici, les équipes locales de CARE agissent avec une approche intégrée : protection, santé mentale, moyens de subsistance, formation. Un travail patient, souvent invisible, mais essentiel pour que les villages puissent un jour se relever sans dépendre de l’aide extérieure.
En accompagnant les femmes à exprimer leurs besoins, à se former et à générer un revenu, CARE transforme les relations sociales : une génération de filles mieux informées, des hommes plus conscients, des familles plus résilientes. Ces initiatives permettent également aux femmes de nourrir des projets professionnels, de reprendre leur autonomie économique et de rêver à un futur où elles pourront entreprendre.
Dans un pays où la guerre a tout fragmenté, reconstruire la confiance et l’autonomie des femmes, parler de santé mentale et accompagner vers la reconstruction, est peut-être l’acte à l’impact le plus durable.
#16JoursSansPeur : soutenir la santé mentale des femmes, un acte essentiel
Les femmes devraient pouvoir prendre soin de leur santé mentale sans avoir peur — sans peur d’être jugées, réduites au silence ou punies pour avoir exprimé leur détresse.
Dans les villages de Syrie, où la guerre a fragmenté les liens sociaux et où la parole des femmes est souvent reléguée à l’arrière-plan, cet acte simple devient un acte courageux. Les espaces sûrs où elles se retrouvent, apprennent à respirer et à reprendre confiance en elles sont une réponse concrète à cette réalité.
Dans le cadre de la campagne mondiale 16 Days of Activism Against Gender-Based Violence, CARE agit pour que chaque femme et chaque fille ait le droit de vivre, parler et guérir sans crainte.
Dans un pays où tout a été fragilisé, soutenir la santé mentale des femmes n’est pas seulement une réponse à la souffrance : c’est une manière de protéger leur dignité et leurs droits les plus fondamentaux. Leur offrir un espace pour se relever, se comprendre et se soutenir entre elles, c’est déjà briser l’isolement et affirmer qu’aucune violence — physique ou psychologique — ne doit jamais réduire leur place dans la société.
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