Depuis 2011, quatre millions de Syriens ont fui les violences de la guerre au péril de leur vie. L'association CARE, qui apporte une aide humanitaire aux réfugiés syriens en Europe et au Moyen-Orient, a recueilli le témoignage de Rami, 17 ans.

L'association CARE France aide les réfugiés syrien
Rami, 17 ans © 2015 / CARE

« Ma famille a voulu m'assurer un avenir loin de la guerre civile »

Je m'appelle Rami et j'aurai 18 ans dans quatre mois. Je viens de Damas, la capitale syrienne.

Il y a dix-huit jours, j'ai quitté mon père, ma mère, mon frère et ma sœur pour une nouvelle vie. Ma famille a placé tous ses espoirs en moi. Ils ont rempli mon sac à dos et m'ont donné toutes leurs économies, soit près de 3 000 dollars. Mon père travaille dans une banque, ma mère est directrice d'école et mon frère, employé dans un hôtel. Ils ont mis de côté une grande partie de leurs salaires pour payer mon voyage.

Ils ont voulu m'assurer un avenir loin de la guerre civile qui fait rage en Syrie et qui a mis onze millions de personnes sur les routes, dans l'espoir de sauver leur vie. Il y a quelques semaines, j'étais encore au lycée. La plupart des chaises étaient vides. Nombre de mes camarades sont partis du jour au lendemain.

Il y a trois semaines, c'est moi qui ne suis pas revenu m'asseoir en classe. Je me suis rendu en voiture jusqu'à la frontière libano-syrienne, dont le passage s'est avéré très dangereux et coûteux. De Beyrouth, je suis arrivé en Turquie.

J'ai eu le sentiment que je pourrais vraiment y arriver, que le rêve que je nourrissais de vivre un jour en Allemagne allait se réaliser.

Mes amis, qui y sont déjà, me disent à quel point la vie y est agréable et paisible, combien ils apprécient l'hospitalité et l'aide que leur apportent les Allemands.

« Nous avons vu de véritables horreurs, gravées dans ma mémoire »

En Turquie, je suis monté dans une barque de deux mètres de long qui m'a emmené sur l'île grecque de Kos. Nous étions vingt alors qu'elle ne devait en contenir que cinq.

Alors qu'un bon nombre de passagers étaient terrifiées par la mer agitée, je n'ai pas eu peur car je suis un bon nageur et j'étais prêt à sauter à tout moment. Mais nous avons eu de la chance et nous sommes arrivés sans encombre à Kos, où nous avons passé quatre jours.

J'ai aidé les membres des nombreuses organisations humanitaires présentes sur l'île à distribuer de l'eau, du jus, du lait et de la nourriture à mes compatriotes et d'autres réfugiés.

J'ai des images de Macédoine, où nous avons vu de véritables horreurs, gravées dans ma mémoire. On nous a parqués, tels des animaux en cage, dans un train à proximité de la frontière serbe.

Quand nous sommes enfin parvenus à la frontière, 2000 personnes attendaient déjà de pouvoir entrer en Serbie. Nous nous sommes joints à eux et on nous a rapidement envoyés de l'autre côté.

Je ne suis arrivé qu'aujourd'hui à Subotica, au nord de la Serbie, dont je ne sais ni comment ni quand je vais pouvoir partir. Tout ce que je veux, c'est rejoindre l'Allemagne, où je pourrai vivre en toute sécurité. Une fois que j'y serai, je ferai venir ma famille. Mais je dois d'abord passer par la Hongrie.

Je suis très reconnaissant de l'aide apportée par des organisations telles que CARE. J'essaie d'obtenir plus d'informations sur la situation à la frontière serbe avec mon téléphone.

« Je suis marqué par plus de 4 ans de guerre civile »

Mon téléphone est le plus précieux des quelques biens que je possède. Si je le perds, je ne pourrai plus envoyer de SMS à ma mère. Elle s'inquiète pour moi et je dois quotidiennement lui rendre compte de l'avancée de mon périple et de l'endroit où je me trouve.

Je me réveille presque chaque jour dans une ville différente. Je dors dans la rue, sous les arbres, dans les champs. Je suis constamment épuisé, marqué dans mon corps par plus de quatre ans de guerre civile.

Beaucoup de gens me demandent pourquoi j'ai entrepris un voyage aussi périlleux. Ils ne savent pas à quel point il serait plus dangereux pour moi de rester en Syrie. C'est le seul moyen d'échapper au service militaire obligatoire.

Depuis que la guerre a éclaté, les Syriens ne sont plus en sécurité. Je n'ai pas l'intention de tuer qui que ce soit et de causer davantage de souffrance et de peine à des grands-parents, des mères et des pères. Je veux aider les gens. La seule manière d'y parvenir, c'est de rester en vie.

Les actions de CARE

Depuis le début de la guerre en Syrie, CARE fourni une aide humanitaire aux populations en Syrie ainsi qu'aux réfugiés en Jordanie, au Liban, en Egypte et en Turquie.

Nos équipes sont aussi présentes aux côtés des réfugiés syriens en Europe. En Serbie, CARE a distribué des colis contenant de l'eau potable, de la nourriture et des produits d'hygiène. En Autriche, un programme de soutien aux enfants des familles de réfugiés a été mis en place.

Ce texte a été publié sur le site du Huffington Post