Au Yémen, une éducation compromise par la guerre

Pour comprendre le quotidien des enfants yéménites, il faut tenter d’imaginer : votre école a été détruite, entièrement ou en partie, par les bombardements. Si elle tient encore debout, elle a été réquisitionnée pour d’autres fins, non éducatives. Et si, par miracle, elle sert toujours d’école, chaque classe est surchargée, à hauteur de 80 élèves. « Mon école n’a pas de salles de classe, ni chaises, ni bureaux, ni électricité », raconte Mona*, onze ans, dans le district de Sarar. Dans ces conditions comment espérer apprendre ?

Résultat ? Plus de deux millions de filles et de garçons yéménites en âge d’être scolarisés ne vont pas à l’école, à cause de la pauvreté et des conflits. La crise humanitaire au Yémen est la plus grave au monde. Deux tiers des enseignants du Yémen n’ont pas reçu de salaire régulier depuis plus de quatre ans. Ils quittent donc leur poste pour trouver d’autres opportunités, et les moyens de subvenir aux besoins de leurs familles.  

 *Le prénom a été modifié pour protéger l'identité de l'enfant

Il faut donner aux enfants les moyens de construire leur avenir

Les garçons et les filles privés d’éducation sont plus à risque d’être piégés dans un cycle de pauvreté, victimes de la violence, du travail des enfants et des mariages précoces. Tout cela, sans qu’il leur ait été donné la chance ni les moyens de s’en sortir ! C’est difficile de concevoir qu’à un si jeune âge, leur avenir soit déjà tracé, et avec de si sombres perspectives. 

C’est ce que refusent des centaines d’enfants qui ne veulent pas perdre leur droit à l’éducation, comme Mona et ses camarades soutenus par CARE. Auparavant, ils étaient obligés d’étudier dehors, sous les arbres entourant leur école délabrée. Ils y souffraient de la chaleur, de la poussière, des insectes et du bruit. « Notre école n’avait pas non plus de toilettes. Nous devions marcher un long chemin accidenté pour retourner dans notre village, situé au sommet d’une montagne, et utiliser celles de nos maisons. Sur le chemin, on avait peur des chiens errants et des moustiques », explique Mona . De nombreux jeunes élèves s’abstenaient donc d’aller aux toilettes jusqu’à la fin de leur journée de classe, ce qui peut avoir de graves conséquences sur leur santé

Au Yémen, des enfants vont à l'école sous des arbres car leur salle de classe a été détruite.

Sans salle de classe, les élèves yéménites étudient sous les arbres. ©CARE

Réhabiliter des écoles pour soutenir le droit à l’éducation

Un environnement d’apprentissage sûr contribue au bien-être émotionnel, mental et physique des élèves. Pour soutenir les enfants dans leur scolarisation, CARE a réhabilité des salles de classe et installations sanitaires de 4 écoles dans le district de Sarar, dans le gouvernorat d’Abyan. En tout, 943 élèves ont pu bénéficier de ce projet.

"Avec les nouvelles salles de classe et les pupitres supplémentaires, l'apprentissage est devenu plus facile car un pupitre est partagé par deux élèves au lieu de quatre."

Reema*, 12 ans

*Le prénom a été modifié pour protéger l'identité de l'enfant

Grâce à un système de pompage solaire et des réservoirs d’eau, les enfants ont aussi accès à de l’eau propre. Un accès à l’eau, à l’éducation et à des sanitaires : ce sont là des besoins élémentaires, qui n’auraient pas dû être mis en péril en premier lieu ! Les enfants ont également accès à des jeux d’apprentissage, des ballons, et autres équipements ludiques et sportifs. 

Mona et ses camarades de classe étaient ravis de découvrir leur nouvelle école. « Je suis si heureuse », dit Mona. « Notre salle de classe est magnifique. Nous avons aussi des toilettes avec de l’eau, alors je n’ai plus besoin de rentrer chez moi pour y aller. J’aime aussi les nouveaux jeux que nous utilisons en classe pour apprendre. Maintenant, j’aime l’école plus que jamais. »

"Les enseignants sont encouragés à enseigner et de nombreux enfants sont retournés à l'école. Cela aura une grande influence sur l'avenir de nos enfants et de notre Yémen !"

Waddah Saeed, directeur d’une école à Sarar

Le directeur d'école Waddah, au Yémen
Waddah Saeed, directeur d’une école à Sarar ©CARE
Une salle de classe au Yémen
© CARE

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